Dans l’article précédent a été exposé le fait que la création naît à partir d’un acte de division qui paradoxalement semble amener le « volume » de la création. Mais la science elle-même nous apprend que l’embryon se développe à partir d’une cellule unique qui se scinde et que les deux cellules ainsi créées répètent ce processus de telle sorte que quatre cellules apparaissent lors de cette seconde scission (méiose et mitose). En se répliquant un grand nombre de fois, ce processus aboutit à la formation d’un embryon puis d’un nourrisson.
C’est le procédé universel et naturel de la création que les sciences ésotériques connaissent de toute antiquité.
Ces sciences s’intéressent surtout aux lois qui déterminent les phénomènes plutôt qu’à ces phénomènes eux-mêmes. Elles s’attachent aux principes.
Le procédé par lequel le monde est créé ne repose finalement que sur trois principes extrêmement simples et réduits : l’Unité, la scission et la dualité.
En ne considérant que ces trois principes fondamentaux pourtant responsables de toute la création, il peut être observé le fait remarquable suivant :
Lorsque l’Un se divise apparaît le Deux, le Deux est donc porteur à la fois de l’Un et de la division. En conséquence le Deux peut se re-diviser lui-même sans que n’intervienne aucun élément extérieur ; le processus qui duplique dans le Deux la division de l’Un est un processus naturel. Or, la division du Deux donne le Quatre. Ce nombre, qui est le troisième à apparaître dans l’ordre de la création, recèle en lui la force de scission et l’aspiration au nombre qui l’a engendré : le Deux. Le Quatre aspire à la dualité autant que le Deux recherche l’Unité.
Ce processus pourrait être répété à l’infini en disant que le Huit aspire au Quatre parce qu’il a été divisé… et ainsi de suite. Mais nous avons vu que les principes premiers ne reposent que sur l’Un, la scission et le Deux, par ces principes ne sont admis que deux divisions : celle qui scinde l’Un puis celle qui divise les deux parties en quatre nouvelles. En effet les quatre parties ainsi créées ne possèdent plus le pouvoir « naturel » de se scinder car elles se sont éloignées de la relation qu’entretiennent l’Un et le deux et d’où provient le pouvoir de scission. Ce n’est donc que par l’apport d’un facteur extérieur que les quatre éléments ainsi créés peuvent se scinder et engendrer une création complexe telle que nous la connaissons. L’objet de cet article est de s’en tenir aux éléments primordiaux.
Pour récapituler ces notions simples mais abstraites, le principe sur lequel repose l’acte de création comporte trois parties : l’Un, la dualité et la division.
Les éléments numériques qui résultent de cet acte premier sont également triple : l’Un, le Deux et le Quatre.
Ces trois nombres ajoutés, constituent le Septénaire fondamental de la Création. (1+2+4 = 7)
De plus, ces sept éléments existent en trois groupes (les nombres Un, Deux et Quatre) et forment ainsi une triplicité (ou trinité).
Et enfin, ils sont également une Unité puisqu’ils en émanent.
Pour synthétiser ces concepts ésotériques, l’hermétisme dirait : 1 = 3 = 7. Cette simple formule renferme une vérité profonde et universelle mais qu’il ne faut pas appréhender sous l’angle moderne des mathématiques.
Le chiffre Sept est pour cette raison le nombre de la création tout entière qui contient en lui-même toutes les lois fondamentales de cette création.
Le chiffre Trois est l’âme et la vie de ces mêmes Lois.
Et le chiffre Un est l’essence inconnaissable pour laquelle ces Lois existent.
La particularité du nombre trois est qu’il peut, lui-même, être perçu d’une triple façon.
En effet, lorsque le Deux s’est divisé, les deux parties ainsi créées sont les deuxième et troisième éléments de la création.
Mais nous avons vu que l’acte de scission est également considéré comme le troisième arcane de la Création.
Et enfin, le nombre Quatre, résultat de la scission du Deux est le troisième nombre constituant le Septénaire avec l’Un et le Deux.
Le Trois est donc, suivant l’angle de vue :
Ces trois aspects reflètent également la Création qui est structurée dans trois dimensions psychiques :
Il y a pour toute chose qui existe une fonction pour laquelle elle existe, une nature qui la caractérise et la distingue de toutes les autres choses de l’univers et enfin un rattachement de cette chose à un autre élément de la création qui lui permet d’exister (un progéniteur). Dans ce sens, la seconde partie du nombre Deux est donc le progéniteur du Trois, le Quatre ou matérialité est la nature du nombre Trois et la scission est la fonction par laquelle le nombre Trois agit dans l’univers.
Tous les êtres et les choses de l’univers existent ainsi dans trois dimensions psychiques.
Dans les ouvrages d’H.P. BLAVATSKY et d’A.BAILEY, le troisième rayon est considéré comme le nombre qui synthétise le quaternaire des quatre rayons suivants, les rayons quatre, cinq, six et sept. On en voit ici la raison puisque la nature du nombre Trois est un quaternaire et que le Quatre est le troisième élément de la création. Pour la philosophie ésotérique, ces cinq rayons, trois, quatre, cinq, six et sept forment un Tout. Ils sont appelés les rayons de Brahma, parce qu’ils correspondent à la troisième personne de la Trinité du panthéon Indien (Shiva, Vishnu et Brahma). Il est à noter que Brahma (troisième personne de cette Trinité) est souvent représenté avec quatre visages qui font face aux quatre points cardinaux. De cette façon la nature quaternaire de cette troisième personne de la Trinité est illustrée avec éloquence.
Le troisième rayon qui tient sa nature du nombre trois peut autant être figuré par un triangle que par un cube (3x2 = 6 faces) Dans ce cas le 2 symbolise la scission et le 3 la nature ternaire. Le quatre enfin apparaît dans le cube par les quatre côtés de chaque face.
Finalement, ce cube comporte douze arêtes (3x4 =12) qui expriment l’action conjointe des nombres Trois et Quatre dans ce troisième rayon.
Du nombre trois, le troisième rayon retire l’aptitude à exprimer l’universalité des trois dimensions de l’existence (Fonction, Nature et progéniteur) ; c’est là l’aspect spirituel de ce nombre. Et par le nombre quatre, il possède le pouvoir naturel d’agir par et sur la matière.
Note :
le nombre quatre est toujours considéré en ésotérisme comme représentant la Matière dont le principe est une double dualité : la matière s’oppose à l’esprit car l’esprit est inconditionnel (connaissable par la Liberté) et la matière est causalité (connaissable par la Raison). Mais la Matière s’oppose également à elle-même, c’est pour cela qu’elle est impénétrable par un autre élément matériel. C’est cette double opposition que représente le nombre quatre.
L’âme, qui se situe toujours entre l’Esprit et la Matière est représentée par un triangle : les deux pointes du triangle qui forme la base symbolisent l’opposition de l’Esprit et la Matière que l’âme perçoit, tandis que le sommet du triangle représente l’unification que l’âme a pour mission d’effectuer entre eux.
L’Esprit est représenté par un point au centre d’un cercle car il est le lieu d’où émanent toutes réalités. Du point de vue de l’Esprit, la matière n’est pas un opposé, mais plutôt une extrémité. De même, la peau d’un fruit n’est pas opposée à lui, elle en est une partie intégrante mais située à sa périphérie. En relation avec ce qui est énoncé au début de cette note, cela revient à dire que la Causalité est un principe qui s’oppose à la Liberté mais que la Liberté ne s’oppose à aucune Causalité.
En résumé le troisième rayon exprime :
Tous les attributs dont ce rayon est pourvu se déduisent de cette triplicité qui vient d’être exposée.
En suivant ce qui vient d’être dit, il ressort que pour bien comprendre les quatre rayons mineurs, il faut les étudier à partir du nombre Trois.
Schéma : genèse des trois rayons majeurs et des quatre rayons d’attributs
Note : Ce schéma représente les rayons 1, 2 et 3 différemment, que celui qui se trouve dans l’article précédent. Précédemment, les représentations mettaient l’accent sur les principes : l’unité, la dualité et la scission, alors que le présent schéma cherche à montrer par un code couleur allant du noir au blanc en passant par trois nuance de gris, l’interaction et l’interdépendance des rayons.
Ce schéma montre comment les quatre rayons dit d’attributs, naissent du troisième rayon
On voit ici apparaître le pentagramme si cher aux ésotéristes. Ce pentagramme est le résumé de la Loi par laquelle fonctionnent les quatre rayons mineurs (4, 5, 6 et 7) en connexion avec le troisième rayon qui les engendre et les synthétise.
Le rayon 1 est représenté fusionnant le noir et le blanc. Le rayon 2 est la part de blanc issue de la scission du 1, le rayon 3 la part de noir issue de la scission du 1. Ceux-ci sont les trois rayons majeurs.
Puis le rayon 4 est la part du 3, éclaircie (qui se rapproche du 2). Le 5 est la part du 3, assombrie (renforcement du 3). Le 6 est un éclaircissement du cinq qui tend vers le 4. Et le 7 est un assombrissement du 4 qui tend vers le 5.
Le troisième rayon (seconde part du deuxième rayon) se scinde et donne naissance à une duade de rayons : les rayons Quatre et Cinq. Puis ceux-ci, issus d’une même moitié de la création sont attirés l’un vers l’autre sans pouvoir fusionner car en eux dominent une double scission. Ces deux rayons vont alors exprimer simplement un « glissement » du Quatre vers le Cinq (le rayon sept) et un glissement du Cinq vers le Quatre (le rayon six).
Lors de la scission du rayon Un étaient apparues la Vie et la Conscience. Mais, lors de la scission du Trois qui contient en lui-même l’universalité et la matérialité, naitront l’universalité (aspect spirituel du troisième rayon) de la conscience ou Quatrième Rayon et la structure (aspect matériel du troisième rayon) de la vie ou Cinquième Rayon.
Mais comme les parties ainsi séparées s’attirent, il s’opère une transition du quatrième rayon qui cherche à rejoindre le cinquième et une transition contraire du cinquième rayon qui cherche à rejoindre le quatrième. Ces transitions croisées sont respectivement le Rayon Six et le Rayon sept. La transition progressive de la structure de la vie vers l’universalité de la conscience, est une réponse sensible au Tout, le Rayon six. Et la transition progressive de l’universalité de la conscience vers la structure de la vie est une forme signifiante ou apparence recelant du sens, le Rayon sept.
Ces quatre rayons : 4 Universalité de la Conscience, 5 Structure de la Vie, 6 Réponse Sensible au tout et 7 Forme Signifiante sont tous issus du troisième Rayon qui les domine et les synthétise.
Les termes employés ici sont différents de la dénomination utilisée jusqu’à présent pour nommer les rayons. Ces nouvelles désignations ne se réfèrent pas aux qualités qui caractérisent les rayons lorsqu’ils impactent un être vivant ou un organisme. Elles désignent les fonctions qu’occupent les rayons dans l’univers :
Les conceptions présentées ici ne sont pas nouvelles et les connaissances ésotériques se sont souvent fondues dans des cultures populaires très diverses. Dans ce sens, il peut être souligné ici que les cinq éléments traditionnels chinois, la Terre, le Bois, le métal, le Feu et l’Eau correspondent à ces cinq Rayons de Brahma :
Terre, rayon 3 - Bois, rayon 4 - Métal, rayon 5 - Feu, rayon 6 - Eau, rayon 7.
Dans la culture indienne, leur correspondent les cinq Pranas :
Prana, rayon 3 - Udana, rayon 4 - Apana, rayon 5 - Samana, rayon 6 - Vyana, rayon 7.
La genèse des rayons qui est présentée ici décrit un processus créateur sous l’angle de sa causalité ; l’exposé s’est attaché à montrer d’où les réalités proviennent et de quoi elles procèdent.
Mais l’ordre qui fait naître toute chose à partir de l’Unité n‘est pas visible lorsqu’on l’observe, comme nous le faisons, depuis le monde créé (le monde matériel dans lequel nous vivons). La description que nous avons présentée n’est exacte que du point de vue des forces créatrices elles-mêmes.
En effet, lorsque le processus créateur est observé depuis le monde matériel, il apparaît toujours inversé. L’Unité, principe premier à partir duquel tout apparaît, est le dernier élément à être aperçu. De même, chronologiquement, les cinq rayons mineurs ou rayons de Brahma, semblent être les seuls actifs, au début des processus de manifestation alors que dans la genèse de la création ils sont auxiliaires. C’est la raison pour laquelle il est dit dans les enseignements ésotériques que le premier
système solaire
n’était sujet qu’à l’influence unique des cinq rayons de Brahma.
Dans la Bible est écrit : « les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers », c’est une formule très simple pour faire allusion à cette inversion systématique qu’il s’opère entre l’action des principes successifs qui engendre la Création et leur déploiement chronologique dans la manifestation.
Ces quatre articles sur les Rayons tentent de montrer comment les sept Rayons sont tous issus du premier (le premier s’engendrant lui-même) et que les quatre rayons mineurs sont des attributs du troisième Rayon majeur.
Le lecteur déjà familiarisé avec les sept Rayons, pourra ne pas reconnaître dans la description qui en est faite ici, le champ de connaissances dont il est coutumier. Mais il est encourageant de savoir que l’effort fourni pour concilier des points de vue apparemment dissemblables est un service rendu au Mental de l’Humanité.
Dans le domaine ésotérique, les démonstrations restent malaisées car le point de vue visé nécessite l’usage de facultés qui transcendent la pensée rationnelle. Seule une méditation approfondie de ces notions permettra d’en saisir le véritable sens.