Les recherches psychologiques sur la nature de l’homme se caractérisent par un empirisme qui a amené de très nombreuses et différentes visions de l’homme à se côtoyer.
L’homme est parfois vu comme un animal intelligent, il est pour d’autres un être moral qui se développe par les interactions sociales répétées, il peut aussi être décrit comme un produit de la civilisation et de la culture qui exercent sur lui une influence implacable.
Toutes ces visons se contredisent ou se complètent au gré des investigations scientifiques et des mœurs changeantes.
L’ésotérisme contrairement à l’approche psychologique usuelle, théorise à l’extrême la nature psychique de l’homme. Pour lui, il y a une constitution précise qui fait de l’homme ce qu’il est. Cette constitution est décrite en terme de corps qui s’étagent du plus dense au plus subtil. Chaque corps est composé de matière mais comportant des degrés de subtilité qui les rendent imperceptibles pour le corps physique. Selon cette théorie, l’homme aurait donc plusieurs corps dont chacun serait responsable d’un attribut psychologique essentiel qui caractérise l’individu. Ces corps seraient reliés entre eux et leur intercommunication serait responsable de la complexité psychique à laquelle chacun de nous est confronté. En outre, chacun de ces corps vivrait une vie propre dans un monde qui lui correspond. Ainsi nos corps physiques (les seuls dont nous constatons l’existence objective) vivent dans un monde de matière physique que nous connaissons bien. Mais les émotions que nous ressentons ne proviennent pas de cette réalité physique et ne sont pas ressenties en premier ressort par notre corps physique. Elles sont élaborées dans un corps d’émotions que l’on appelle, corps astral. Ce corps intangible bien qu’interconnecté avec le corps physique auquel il transmet l’émotion vit dans son propre monde : le monde astral.
Il en est également ainsi de nos pensées qui s’élaborent dans un autre corps, le corps mental, encore plus éthéré que notre corps astral. Ce corps vit dans un monde subtil qui comporte ses propres lois : le monde mental.
La théorie de l’ésotérisme reconnaît quatre, cinq voir sept ou huit corps différents selon la façon dont ils sont comptés. Dans cet article, seuls les quatre premiers corps sont présentés : le corps physique, le corps astral, le corps mental et le corps causal.
Mais parmi eux, les deux derniers sont plus essentiels que les autres car ils sont auteurs de ce qui distingue l’homme du reste de la création : la conscience de lui-même ou soi-conscience.
Cette conscience est élaborée par la coopération du corps causal et du corps mental. Le corps causal fournit « l’intuition d’être » puis le corps mental dote l’individu de pensées qui permettent de refléter cette intuition dans des perceptions de soi, répétées. C’est cette coopération des corps causal et mental qui a été si bien résumée dans l’aphorisme célèbre de GOMEZ PEREIRA reprise par René DESCARTE : « Cogito ergo sum » (je pense donc je suis).
Les pensées caractérisées par leur multiplicité réagissent à l’intuition d’être et par leurs interactions répétées prouvent à l’être, sa propre existence : c’est par ce processus naturel que l’on est conscient de soi-même, que « l’on se pense exister ».
Cette conscience se transmet alors au corps astral puis au corps physique et permet à l’homme « d’être conscient d’avoir conscience » jusque dans son corps physique.
Du plus dense au plus subtil, les corps de l’homme sont :
1. Le corps physique composé de deux parties : physique dense et physique éthérique.
C’est bien sûr, le corps le plus tangible et par conséquent, le mieux connu. La fonction principale de ce corps est d’offrir un levier à la volonté qui est dans l’homme.
C’est principalement par ce corps que le vouloir dans l’homme s’oppose au temps qui renouvelle toute chose. L’action produite par la volonté s’ancre dans le temps parce qu’elle engage toujours un avenir.
Une émotion est en effet toujours transitoire, une pensée contemple simplement l’existence sans la modifier alors qu’une action délimite dans le temps, un évènement d’une durée proportionnelle à l’intensité de la volonté qui la commande.
La partie la plus subtile de ce corps, dite éthérique, fournit de la vitalité au corps dense afin qu’il puisse se développer, se mouvoir et agir. Une atteinte fonctionnelle de cette partie éthérique du corps se traduit par de la fatigue, de la dépression ou une prédisposition aux maladies.
La philosophie ésotérique indique que cette part éthérique du corps physique est déterminante car elle commande au corps physique dense qui ne fait que réagir à ses impulsions comme un automate.
2. Le corps astral ou corps émotionnel
Ce corps est le second par ordre de densité après le corps physique.
Il est un corps qui apporte à l’homme la sensation d’une « intériorité ». Le corps astral nous fait percevoir un monde intérieur autant que le corps physique permet de percevoir le monde extérieur. Ce monde intérieur est construit de nos réactions aux sensations que nous éprouvons par notre corps physique. Ces réactions se cumulent en nous et créent un corps constitué de nos inclinations, préférences, aversions. C’est ce contenu de tendances diversifiées qui définit notre tempérament individuel. La fonction de ce corps est de permettre à l’homme d’éprouver, d’être sensible aux choses, c’est à dire de « les faire pénétrer à l’intérieur de lui ».
3. Le corps mental
Ce troisième corps, composé de matière encore plus subtil a pour fonction de permettre à l’homme de connaître. Le corps mental est fait de pensées au même titre que le corps astral est constitué d’émotions et le corps physique de forces vitales densifiées.
Les pensées sont des unités d’énergies qui ont la faculté de se fractionner à l’infini. C’est cette faculté qui se traduit en discernement dans la psyché. Mais ces unités d’énergie peuvent également se rassembler et donnent ainsi à l’homme une vision synthétique : la compréhension. Les mouvements incessants de ces unités d’énergie finissent par former des axes de circulation privilégiés dans le monde mental. Dans leur ensemble, ces axes forment la structure du corps mental d’un individu. Mais ce corps parce qu’il est constitué de pensées en perpétuel mouvement n’a pas de limites aussi bien définies que celles des corps astral et physique. C’est pour cela que l’on peut dire que les pensées n’appartiennent pas complètement à l’individu séparé, elles sont une propriété collective. C’est pourquoi aussi la télépathie est un phénomène naturel pour nos corps mentaux ; les pensées transitent d’un mental à un autre sans effort conscient.
La fonction du corps mental est d’apporter la Connaissance, c’est l’aptitude à percevoir les relations des choses entre elles.
4. Le cas particulier de la Personnalité
La personnalité de l’Homme n’est pas un corps à part entière mais une coordination de ces trois premiers corps.
Lorsqu’ils ont atteint un certain stade de développement, les trois corps de l’homme commencent à établir des relations réciproques qui forment une structure synthétique que l’on nomme personnalité. L’homme poursuit donc deux objectifs distincts avec ses trois corps :
a - Le développement des facultés de chacun des corps :
Résistance, perméabilité et fluidité sont les trois qualités qui doivent être développées dans les corps physique, astral et mental de l’homme. Ces trois facultés de la substance des corps de l’homme lui permettent de s’exprimer comme :
b - Coordination des trois corps, physique, astral et mental.
Ces trois premiers corps constituent, lorsqu’ils se relient entre eux, la Personnalité d’un homme. Pour que cette personnalité soit harmonieusement développée, il faut que ces trois corps, pourtant si différents en nature et en fonction, établissent de nombreuses relations réciproques. Par de telles relations, l’individu exprime le facteur de la Raison, caractéristique de l’humanité. La Raison humaine amène les émotions d’un individu à suivre la direction imprimée par ses pensées et à traduire celles-ci en acte. Lorsque ce stade de cohérence est atteint par un individu, on dit qu’il possède une personnalité coordonnée. Une telle personnalité se manifeste par une aptitude à s’adapter aisément au cadre que la société humaine propose pour l’épanouissement des ambitions personnelles. Par la coordination, les qualités acquises dans l’un des trois corps deviennent disponibles dans les deux autres corps. Cette situation, pour la personne qui l’a atteinte, lui facilite l’expression de soi ainsi qu’elle lui ouvre grand la voie de la réussite et de la prospérité dans le monde. Ce n’est souvent que lorsque cette unité a été forgée dans une proportion importante que peut être aperçu l’influence du corps suivant : le corps Causal.
5. Le corps Causal
Le corps Causal est l’Identité (l’être) qui réside au centre de la psyché de l’Homme. Contrairement aux trois corps précédemment décrits, qui ne sont que des véhicules pour différentes fonctions psychologiques, le corps Causal est l’auteur de ces fonctions psychiques.
L’Etre de l’Homme se caractérise par l’expression de trois facultés qui par leur intime association le dote du « libre arbitre ».
Ces trois facultés sont : la Volonté, la Sensibilité et l’Entendement. L’homme par sa volonté est capable d’initiative, par sa sensibilité il cultive des valeurs et par son entendement il peut émettre des jugements. Ce sont ses jugements empreints de valeurs et susceptibles d’engager une action que l’on nomme libre arbitre.
Ainsi, la nature profonde de l’homme se résume à ces trois attributs de volonté, de sensibilité, et d’entendement. L’Homme est une créature dont la sensibilité est observée par son propre entendement et dont l’entendement est armé de volonté. C’est à cette condition que l’homme est « conscient d’être conscient ».
Le corps Causal est donc la structure de substance subtile qui renferme ces trois facultés et les fait coopérer pour que l’homme soit libre et soi-conscient. C’est pourquoi ce corps est aussi l’âme de l’homme, l’essence de toute pensée vraie, de tout sentiment compatissant, de toute action libre.
Pour l’ésotérisme, l’âme soi-consciente de tout homme est un corps composé de trois parties principales qui s’expriment sous la forme d’aptitude psychiques !
C’est parce que ce corps cherche à transmettre sa triple capacité de comprendre, de ressentir et de vouloir, dans des mondes plus denses que celui dans lequel il habite, qu’il s’associe avec les trois corps physique, astral et mental. Ces corps ne sont donc, répétons-le, que des véhicules.
Le phénomène de la conscience comporte de nombreux degrés.
Pour donner une approche simplifiée de ce phénomène, on pourrait dire que la conscience est une réaction à une perception. Par exemple, un être humain, un animal et peut-être certains insectes, s’ils possèdent un système nerveux, perçoivent la douleur. S’ils sont également aptes à produire une réaction à cette perception, on peut dire qu’ils en sont conscients. Ils perçoivent, mais également « éprouvent » ce qu’ils perçoivent. Il en est ainsi de toutes les perceptions sensorielles.
Mais être conscient de soi suppose d’être également capable d’observer cette réaction produite par la perception. La conscience de soi est alors une observation de la réaction à une perception sensorielle.
Ainsi, si nous considérons qu’une perception sensorielle est produite dans le corps physique, il faut un second corps pour y réagir et en avoir conscience, c’est là le rôle du corps astral. Mais pour atteindre le degré de la conscience de soi, l’intervention d’un troisième corps qui observe la réaction produite dans le corps astral est nécessaire. C’est ce que fait le corps mental, il observe la réaction astrale à un stimulus sensoriel physique et produit ainsi dans le champ des pensées une conscience de soi, à partir des trois corps. C’est ce processus qui crée la conscience de soi de la personnalité de l’homme.
Or, nous avons vu que le corps causal était en lui-même l’auteur de la soi-conscience. Mais cette soi-conscience causale n’est pas produite par l’observation des réactions aux perceptions sensorielles mais par la combinaison de la volonté, la sensibilité et l’entendement. Il y a donc deux soi-consciences qui se côtoient dans l’être humain. L’une est produite par l’action coordonnée des trois corps, physique, astral et mental et l’autre est l’émanation du corps causal. Il faut dans la pratique une connaissance de soi-même très approfondie pour parvenir à les distinguer clairement. Habituellement l’être humain n’est que vaguement conscient qu’en lui cohabitent des tendances égoïstes et des tendances altruistes.
La conscience de soi issue des trois corps formant la personnalité ne comporte aucune tendance morale car elle est produite à partir de sensations physiques, d’impressions astrales, et de perceptions mentales. Cette conscience de soi est celle qui se manifeste dans les enfants pour qui il n’y a pas encore de libre arbitre. Mais plus tard à l’adolescence puis l’âge adulte apparaît une authentique conscience morale dans laquelle l’individu reconnaît sa soi-conscience. Ce sont ces deux consciences de soi qui s’affrontent dans l'Homme, l’une avec la force des instincts produits par les trois corps et l’autre avec la puissance de la vertu issue du corps causal. L’opposition de ces deux consciences fait de la destinée humaine un combat entre « le Bien et le Mal ».
L’être humain est constitué de plusieurs corps de substance de plus en plus subtile à partir de son corps physique. Ces corps communiquent entre eux et partagent leurs qualités pour permettre à l’homme de se développer et s’épanouir.
Ces corps sont toutefois organisés en une structure qui les hiérarchise : le corps causal est la cause première, la nature profonde ou âme de l’homme et les trois corps ainsi que la personnalité qui les unifie sont des récepteurs et réflecteurs de cette nature profonde. A l’image d’un système solaire, le corps causal se situerait au centre tandis que les trois corps de la personnalité seraient représentés par des orbites planétaires successives.
Tout homme est doublement conscient de lui-même mais l’une de ces consciences n’est qu’un effet mécanique produit par la coordination des trois corps dont est constitué sa personnalité. Tandis que l’autre conscience est la cause de son existence et de son évolution (corps causal).
A force de persévérance, le corps causal doit pouvoir amener la conscience qui réside dans la personnalité au même degré de moralité que lui.
Note : Ce stade où les deux consciences s’unifient enfin est celui de la transfiguration (ou troisième initiation) selon la terminologie de l’ésotérisme.
Il peut être utile d’ajouter également que le corps causal de l’homme est considéré par la philosophie ésotérique comme un Ange. La nature profonde de tout homme, qui lui donne sa Soi-conscience, est une nature angélique car elle ne repose que sur des facultés morales et ne comporte pas de vice.
D’autres corps encore plus subtils existent au-delà du corps causal (ou âme) de l’homme, ils concernent une partie de la nature humaine qui n’est qu’en germe à notre époque actuelle. Ces corps sont appelés : corps mental supérieur, corps bouddhique, corps atmique et monade. Ils complètent la nature humaine avec la part divine dont toutes choses manifestées proviennent.