Le Tibétain dans ces nouvelles instructions à son groupe de disciples revient sur trois conceptions fondamentales déjà abordées antérieurement.
Ces trois notions, sur lesquelles il insiste tant, doivent être reliées entre elles par les disciples, et former finalement, le terrain de leur entraînement commun.
Ce sont :
Sur le chemin du disciple, le détachement est la discipline individuelle qui lorsqu’elle est combinée avec le développement de la conscience de groupe devient un moyen sûr pour lutter contre la séparitivité.
Dans ces quelques mots, se trouve résumé le but que les disciples du monde doivent poursuivre, s’ils veulent apporter leur aide à l’effort hiérarchique actuel.
L’ensemble des activités des différents ashrams de la hiérarchie à notre époque (depuis le début du XXème siècle, jusqu’à nos jours) se sont fédérées pour faire échec à un péril qui menace notre civilisation moderne : le séparatisme.
En effet, le développement du sens de l’individualité qui permet à une personne de s’affirmer et faire valoir ses prérogatives dans son environnement social, se généralise maintenant à l’échelle des nations et de la civilisation moderne toute entière.
Pour cette raison, et afin de sauver le monde du chaos dans lequel un égoïsme généralisé risquerait de l’emporter, il est urgent de contrebalancer ce développement par un progrès proportionnel du sens de l’altruisme.
C’est cette tâche que les disciples doivent avoir en vue lorsqu’ils s’expriment et qu’ils agissent.
Les groupes de disciples formés par le Tibétain sont rassemblés pour servir cet unique objectif.
Leur entraînement est axé sur l’acquisition de la conscience de groupe qui leur permet de lutter contre la séparativité caractéristique de notre époque.
Mais les disciples qui avancent en luttant sur la voie de l’amour doivent également affronter leur propre égoïsme qui demeure puissant. Cet égoïsme, inhérent à tout être humain, a ses racines dans la nature émotionnelle, remplie « d’apitoiement sur soi » et du désir d’obtenir des satisfactions.
Pour le disciple, les appétits de la nature physique, le désir de possessions matérielles, ou l’ambition sociale si caractéristique de l’homme ordinaire ont été laissés en arrière.
Mais vouloir passionnément réussir ce que l’on entreprend, désirer être reconnu pour le service que l’on rend, être l’instigateur du Bien prodigué plutôt que son modeste et anonyme exécutant, sont autant de pièges subtils qui retiennent le disciple entre les griffes de la satisfaction de soi.
Le service ne se mesure pas à l’aune de l’initiative individuelle, il est une entreprise collective dont le bénéfice est collectif.
C’est pour cette raison que même les efforts les plus dévoués qui poussent un disciple à l’action, s'ils reposent encore sur le sentiment de sa valeur individuelle, resteront futiles pour répondre aux besoins de l’humanité.
La nature émotionnelle du disciple, même embellie par des vies d’aspirations, contient pourtant toujours, en son centre, le sentiment de sa propre importance. C’est pour y remédier que le Tibétain exhorte les membres de son groupe au détachement. Le détachement est la méthode par excellence qui libère l’individu « du goût de soi-même » tapi dans la nature émotionnelle.
Ce n’est qu’alors que la conscience de groupe vient se substituer à l’ancienne conscience de soi qui caractérise l’humanité, ainsi que les disciples qui font leurs premiers pas sur le sentier.
Psychologiquement, le disciple est habituellement scindé. Sa nature émotionnelle est soudée à son corps physique et à ses exigences, tandis que son corps mental est orienté vers l’âme et reçoit sa sagesse.
Les relations entre le mental illuminé par l’âme, et le corps émotionnel sont donc trop lâches. Il en résulte une vie intérieure contemplative de haute qualité (mental-âme), mais une activité extérieure gouvernée par les besoins très ordinaires de la nature physique et les aspirations émotionnelles égocentriques (astral-physique). C’est pour cette raison que le disciple doit s’exercer au détachement qui conduit la nature émotionnelle passionnelle à se laisser guider par le mental plus éclairé. Les trois corps du disciple alors parfaitement alignés et coordonnés peuvent transmettre le dessein de l’âme jusque sur le plan physique d’expression.
Dans le même temps, le développement progressif de la conscience de groupe incite la personnalité du disciple à s’affilier à des entreprises de service collectifs sur le plan physique. Les âmes sur leur propre plan qui travaillent en une union parfaite tentent, en effet, d’amener les personnalités qu’elles guident dans l’incarnation à fédérer leurs activités afin d’entreprendre un service commun. C’est ainsi que se forment les groupes du nouvel âge.
Une fois ainsi affilié à un groupe de service objectif, le disciple individuel est confronté à deux types de responsabilités :
Selon le Tibétain, pour s’associer à son groupe en toute responsabilité, le disciple doit cultiver :
Ces trois qualités lui permettront d’intégrer sa personnalité dans son groupe de service dont l’activité n’est possible que par l’unité de ses membres.
De façon innée, la personnalité individuelle de l’être humain s’oppose violemment à l’assimilation de ses intérêts à ceux d’une communauté. C’est pour cette raison que cet instinct d’individualisme forcené doit être adouci par le développement de qualités sensibles qui font rempart à sa nocivité.
Le disciple dans le groupe doit pouvoir porter intérêt à ceux avec lesquels il est en contact, cultiver le lien avec son âme et essayer de découvrir celle de ses condisciples ; c’est cela la facilité de rapport.
En outre, il lui faut veiller à conserver une impersonnalité soutenue afin de ne pas entraver l’unité qu’il tente de construire avec tous les membres du groupe. Pour cela, le détachement de sa nature émotionnelle l’aura aidé.
C’est finalement ainsi que le disciple pourra devenir le véhicule d’un amour qui comprend et soutient, mais jamais ne juge. Un tel amour renforce la force magnétique du groupe, il le soude et le rend influent dans le monde.
Intégrité de groupe
C’est la nécessité qu’a le groupe de ne maintenir en son sein que ce qui est utile à son dessein. Cette intégrité est à la charge de chacun des membres qui doivent veiller à ce qu’aucune préoccupation d’ordre personnelle ne s’introduise dans le groupe et ne le détourne de son service.
Fusion
Cette fusion est l’aptitude du groupe à optimiser la valeur et les compétences de ses membres au profit de l’œuvre collective. Cette fusion est grandement facilitée lorsque l’amour est très présent dans le groupe.
Compréhension
La compréhension dont il s’agit ici se traduit paradoxalement, par l’acceptation des membres à ne pas vouloir embrasser dans leur mental la connaissance complète de l’œuvre à laquelle ils participent. Le groupe comme un tout est l’unique dépositaire du dessein et aucun individu ne peut le connaître en entier. C’est une des caractéristiques de la conscience de groupe que de ne pouvoir subsister toute entière que dans la totalité de ses membres. Cette compréhension dont le Tibétain parle est donc une forme d’humilité.
Ce que l’on désigne lorsque l’on parle « du Maître » du groupe est, en réalité, cette conscience de groupe entière qui s’exprime sous la forme d’une individualité. Mais une telle individualité, même lorsqu’elle prend une apparence humaine, n’est pas une personnalité séparée ; c’est une force de groupe consciente d’elle-même.
Pour le Maître, les disciples de son groupe (leurs âmes uniquement) subsistent à l’intérieur de lui, ils sont des parties lui.
Le Maître est donc naturellement dépositaire du dessein de groupe.
Pour finir ses instructions, le Tibétain fournit à ses disciples une méditation de groupe qu’il leur demande de suivre quotidiennement.